Ce que la mort de Mandela et
celle de Tabu Ley ont en Commun
Le
30 Novembre 2013, marquera à jamais la disparition de Pascal TABU LEY
Rochereau, un géant de la musique congolaise, l’un des patrons et le
développeur de la Rumba congolaise, ce genre musical qui fait aussi l’identité
du congolais au-delà des frontières de la RDC. Rochereau est né le 13 novembre
1940. Le ‘Seigneur’ Ley est mort donc 17 jours après la célébration de son 73ème
anniversaire.
5
jours après le départ définitif de Ley au pays des aïeux, les médias du monde
entier annonçaient le décès de celui que je peux qualifier sans trop
d’hésitation du grand « baobab» de l’histoire de l’homme du 20ème
siècle. Oui, le 20ème siècle de Nelson Mandela, de Patrice Emery
Lumumba, de Martin Luther King, de Malcom X, de Thomas Sankara, de Sélassié et
les autres, a tout connu. En effet, né
le 18 Juillet 1918, Nelson a tout connu et presque tout vécu. Il est né alors que
la 1ère guerre mondiale tirait à sa fin. Il a grandi pendant les
années de développement des conflits en Europe, qui exigeaient des Etats
(européens) des ressources importantes pour financer la crise de
l’après-guerre, par l’exploitation en profondeur des colonies, il a vécu la
course à l’armement et la deuxième guerre mondiale, les luttes en Afrique pour
les indépendances, la haine raciale, les mauvaises politiques appliquées en
Afrique après les indépendances (les dictatures, la boulimie du pouvoir
« arraché» des colons, les guerres fratricides, les rebellions, les coups
d’Etat, les agressions, les assassinats politiques, les viols des femmes et des
mineurs, les pillages des ressources africaines par les africains compradors,
….Ouf ! Madiba a tout vécu. Tout comme Rochereau !
Revenons
alors à ce qu’ils ont en commun, eux qui ont eu la chance de VIVRE l’Afrique.
La chance parce qu’ils l’ont vécue d’une bonne manière : Afrique
colonisée, Afrique libre, problème de gestion de l’Afrique, arcanes du pouvoir,
etc. Notons, en premier lieu,
qu’ils ont en commun leur décès dans la même semaine. En second lieu, ces
illustres ont ceci en partage :
11. L’attachement à la nation
Jeunes,
Tabu Ley et Mandela se sont rendu compte
de l’importance de la nation, du sens de l’Union, du vivre en commun de tout le
peuple, ayant la nation en partage. Chacun a eu ses méthodes de transmission de
ses idées. Tabu a transmis ses pensées par ses chansons et sa poésie. Mandela
s’est battu avec sa voix d’avocat et ses écrits. Les conséquences de leurs
luttes pour leur nation ont été différentes. Tabu Ley s’est exilé en occident
pendant des décennies, alors que Mandela a vécu plus d’un quart de siècle en
prison, privé de liberté.
L’attachement
à la nation suppose l’amour sans mesure de l’UNITE NATIONALE. Rochereau a
déclaré en 2005 au cours d’une émission télévisée : « Le Congo est
notre patrimoine à tous. On ne peut que l’aimer en restant uni afin d’assurer
sa sécurité ». Il a même écrit une chanson sur l’unité nationale des
congolais. En 1963, Mandela avait
déclaré qu’ « il n’y a pas une Afrique du Sud pour des Blancs ou pour
les Noirs. Il n’y a qu’une seule Afrique du Sud, qui est une nationa
multicolore, nation arc-en-ciel ».
Pour
être Uni, il faut être libre. Tabu disait « Nous ne sommes pas venus
accompagner les autres qui seuls doivent nous diriger, parler, décider, et nous,
nous restons regardant en subissant leurs actes. Nous sommes libres et en droit
de parler, de contribuer à l’avancée de la République. ». La notion de la
liberté est plus profonde chez Mandela. Pour cette étoile, « la liberté ne
signifie pas se débarrasser de ses chaînes ; mais vivre de façon à
respecter et à renforcer la liberté des autres ». Une nation se définit
par la liberté, l’égalité et l’Union de tout le peuple. Le déficit de la liberté à conduit Mandela en
prison et Tabu en exil. Tous deux en ont été victimes et ont appris à leur
peuple de s’assumer pour vaincre leurs chaînes.
22.
L’Union et l’unanimité des
opinions autour de ces deux icônes.
La
mort de Tabu Ley a laissé les Kinois stupéfaits devant les écrans de télévision.
En effet, l’On a vu Kiffi Olomidé et Werrason tenir la fleur ensemble pour
poser devant le cercueil du Seigneur Ley. On a vu les politiques opposés saluer
ce grand disparu : Excellence TSHISEKEDI, acclamé par la foule dans cette
salle de Congrès qu’il n’a plus visité il plus d’une décennie, A. Ruberwa, J.
Kabila, tous ont reconnu la valeur de cet illustre. En ce qui concerne Mandela,
les images tournées ce mardi au Stade de SOWETO ont été grandioses. Sarkozy et
Hollande se sont placés côte à côte malgré les débats sur leur déplacement pour
Johannesburg, Obama a salué Raoul Castro…. On a vu Bush et Clinton échanger,
même s’ils partagent des visions politiques différentes, Mugabe assis sur la
même tribune que les Occidentaux. En tout cas, à voir la tribune de Soweto, on
dirait qu’il y a sommet de l’Assemblée générale des Nations Unies. Hélas !
Rien de tel ! Mandela a prouvé que même mort il peut unir des
opposants d’opinions. C’est ce que Ley a fait aussi.
Mandela
a prêché le pardon, la liberté, l’égalité, l’union des peuples. Certains
leaders africains se sont montrés farouches contre la colonisation, l’exploitation
du nègre. Ils ont réclamé que le noir retrouve sa dignité en reprenant la place
du blanc dans la société. Cette place pouvait s’étendre du siège au parlement,
au fauteuil du PDG d’une société anonyme. Ces politiques ont prouvé leurs
limites dans certains Etats. Mandela par contre a montré sa grandeur d’esprit
inégalable lorsqu’il a prêché le pardon, de l’oppresseur à l’opprimé et
vice-versa, de l’amour national, de l’égalité
des races et des chances entre races. La seule différence proviendrait de compétences
à entreprendre et à réaliser ses rêves.
C’est
ça le vrai héritage de Mandela. C’est l’idéal d’une vie vraiment planétaire, où
tous les hommes vivraient ensemble, sans racisme, dans la liberté et la fierté
d’être homme. A cause de cet idéal Mandela a accepté de mourir. Luther King et Malcom X en sont mort,
Lumumba est parti sans tombe physique. Et nous jeunes d’aujourd’hui ?
Ley
a dit « tu peux changer autant de fois ton nom, mais tu ne changeras
jamais ta nationalité d’origine. Tu es né congolais, tu mourras congolais, même
si tu mourais aux USA ». La force de cette pensée réside dans le spirituel
et dans le vrai. En effet, on est toujours attaché à sa patrie même si on change
de nationalité. Les émigrés peuvent en dire mieux et c’est vrai. La recherche
du bonheur terrestre peut faire déplacer un individu d’un pays à l’autre, et
non d’une nation à l’autre. Les Juifs en ont fait l’expérience historique. Le
changement de nationalité ne vaut rien en soi parce qu’il ne retranche en rien
le sentiment qu’à une personne à aimer la terre de ses ancêtres (Mabele ya ba Nkoko).
C’est pourquoi nous devons préserver cette terre et vivre en harmonie avec ceux
avec qui nous en avons en partage, dans l’amour du prochain, la légalité et l’égalité.
Nous devons bannir la peur. Nous devons lutter pour nos idéaux qui doivent
converger vers la liberté, car c’est seulement dans la liberté que nous pouvons
créer des opportunités de développement. Les jeunes ne doivent plus se servir
des armes pour tuer. La violence a montré ses limites en RDC. Nous devons à présent
dénoncer la violence et réclamer la légalité afin que nous vivions vraiment
libres pour le développement de la nation.