mardi 10 décembre 2013

 Ce que la mort de Mandela et celle de Tabu Ley ont en Commun

Le 30 Novembre 2013, marquera à jamais la disparition de Pascal TABU LEY Rochereau, un géant de la musique congolaise, l’un des patrons et le développeur de la Rumba congolaise, ce genre musical qui fait aussi l’identité du congolais au-delà des frontières de la RDC. Rochereau est né le 13 novembre 1940. Le ‘Seigneur’ Ley est mort donc 17 jours après la célébration de son 73ème anniversaire.
5 jours après le départ définitif de Ley au pays des aïeux, les médias du monde entier annonçaient le décès de celui que je peux qualifier sans trop d’hésitation du grand « baobab» de l’histoire de l’homme du 20ème siècle. Oui, le 20ème siècle de Nelson Mandela, de Patrice Emery Lumumba, de Martin Luther King, de Malcom X, de Thomas Sankara, de Sélassié et les autres, a tout connu.  En effet, né le 18 Juillet 1918, Nelson a tout connu et presque tout vécu. Il est né alors que la 1ère guerre mondiale tirait à sa fin. Il a grandi pendant les années de développement des conflits en Europe, qui exigeaient des Etats (européens)  des ressources  importantes pour financer la crise de l’après-guerre, par l’exploitation en profondeur des colonies, il a vécu la course à l’armement et la deuxième guerre mondiale, les luttes en Afrique pour les indépendances, la haine raciale, les mauvaises politiques appliquées en Afrique après les indépendances (les dictatures, la boulimie du pouvoir « arraché» des colons, les guerres fratricides, les rebellions, les coups d’Etat, les agressions, les assassinats politiques, les viols des femmes et des mineurs, les pillages des ressources africaines par les africains compradors, ….Ouf ! Madiba a tout vécu. Tout comme Rochereau !
Revenons alors à ce qu’ils ont en commun, eux qui ont eu la chance de VIVRE l’Afrique. La chance parce qu’ils l’ont vécue d’une bonne manière : Afrique colonisée, Afrique libre, problème de gestion de l’Afrique, arcanes du pouvoir, etc. Notons, en premier  lieu, qu’ils ont en commun leur décès dans la même semaine. En second lieu, ces illustres ont ceci en partage :

11. L’attachement à la nation

Jeunes, Tabu Ley  et Mandela se sont rendu compte de l’importance de la nation, du sens de l’Union, du vivre en commun de tout le peuple, ayant la nation en partage. Chacun a eu ses méthodes de transmission de ses idées. Tabu a transmis ses pensées par ses chansons et sa poésie. Mandela s’est battu avec sa voix d’avocat et ses écrits. Les conséquences de leurs luttes pour leur nation ont été différentes. Tabu Ley s’est exilé en occident pendant des décennies, alors que Mandela a vécu plus d’un quart de siècle en prison, privé de liberté.
L’attachement à la nation suppose l’amour sans mesure de l’UNITE NATIONALE. Rochereau a déclaré en 2005 au cours d’une émission télévisée : «  Le Congo est notre patrimoine à tous. On ne peut que l’aimer en restant uni afin d’assurer sa sécurité ». Il a même écrit une chanson sur l’unité nationale des congolais.  En 1963, Mandela avait déclaré qu’ « il n’y a pas une Afrique du Sud pour des Blancs ou pour les Noirs. Il n’y a qu’une seule Afrique du Sud, qui est une nationa multicolore, nation arc-en-ciel ».
Pour être Uni, il faut être libre. Tabu disait « Nous ne sommes pas venus accompagner les autres qui seuls doivent nous diriger, parler, décider, et nous, nous restons regardant en subissant leurs actes. Nous sommes libres et en droit de parler, de contribuer à l’avancée de la République. ». La notion de la liberté est plus profonde chez Mandela. Pour cette étoile, « la liberté ne signifie pas se débarrasser de ses chaînes ; mais vivre de façon à respecter et à renforcer la liberté des autres ». Une nation se définit par la liberté, l’égalité et l’Union de tout le peuple.  Le déficit de la liberté à conduit Mandela en prison et Tabu en exil. Tous deux en ont été victimes et ont appris à leur peuple de s’assumer pour vaincre leurs chaînes.

22.  L’Union et l’unanimité des opinions autour de ces deux icônes. 

La mort de Tabu Ley a laissé les Kinois stupéfaits devant les écrans de télévision. En effet, l’On a vu Kiffi Olomidé et Werrason tenir la fleur ensemble pour poser devant le cercueil du Seigneur Ley. On a vu les politiques opposés saluer ce grand disparu : Excellence TSHISEKEDI, acclamé par la foule dans cette salle de Congrès qu’il n’a plus visité il plus d’une décennie, A. Ruberwa, J. Kabila, tous ont reconnu la valeur de cet illustre. En ce qui concerne Mandela, les images tournées ce mardi au Stade de SOWETO ont été grandioses. Sarkozy et Hollande se sont placés côte à côte malgré les débats sur leur déplacement pour Johannesburg, Obama a salué Raoul Castro…. On a vu Bush et Clinton échanger, même s’ils partagent des visions politiques différentes, Mugabe assis sur la même tribune que les Occidentaux. En tout cas, à voir la tribune de Soweto, on dirait qu’il y a sommet de l’Assemblée générale des Nations Unies. Hélas ! Rien de tel ! Mandela a prouvé que même mort il peut unir des opposants d’opinions. C’est ce que Ley a fait aussi.
Mandela a prêché le pardon, la liberté, l’égalité, l’union des peuples. Certains leaders africains se sont montrés farouches contre la colonisation, l’exploitation du nègre. Ils ont réclamé que le noir retrouve sa dignité en reprenant la place du blanc dans la société. Cette place pouvait s’étendre du siège au parlement, au fauteuil du PDG d’une société anonyme. Ces politiques ont prouvé leurs limites dans certains Etats. Mandela par contre a montré sa grandeur d’esprit inégalable lorsqu’il a prêché le pardon, de l’oppresseur à l’opprimé et vice-versa,  de l’amour national, de l’égalité des races et des chances entre races. La seule différence proviendrait de compétences à entreprendre et à réaliser  ses rêves.
C’est ça le vrai héritage de Mandela. C’est l’idéal d’une vie vraiment planétaire, où tous les hommes vivraient ensemble, sans racisme, dans la liberté et la fierté d’être homme. A cause de cet idéal Mandela a accepté de  mourir. Luther King et Malcom X en sont mort, Lumumba est parti sans tombe physique. Et nous jeunes d’aujourd’hui ?
Ley a dit « tu peux changer autant de fois ton nom, mais tu ne changeras jamais ta nationalité d’origine. Tu es né congolais, tu mourras congolais, même si tu mourais aux USA ». La force de cette pensée réside dans le spirituel et dans le vrai. En effet, on est toujours attaché à sa patrie même si on change de nationalité. Les émigrés peuvent en dire mieux et c’est vrai. La recherche du bonheur terrestre peut faire déplacer un individu d’un pays à l’autre, et non d’une nation à l’autre. Les Juifs en ont fait l’expérience historique. Le changement de nationalité ne vaut rien en soi parce qu’il ne retranche en rien le sentiment qu’à une personne à aimer la terre de ses ancêtres (Mabele ya ba Nkoko). C’est pourquoi nous devons préserver cette terre et vivre en harmonie avec ceux avec qui nous en avons en partage, dans l’amour du prochain, la légalité et l’égalité. Nous devons bannir la peur. Nous devons lutter pour nos idéaux qui doivent converger vers la liberté, car c’est seulement dans la liberté que nous pouvons créer des opportunités de développement. Les jeunes ne doivent plus se servir des armes pour tuer. La violence a montré ses limites en RDC. Nous devons à présent dénoncer la violence et réclamer la légalité afin que nous vivions vraiment libres pour le développement de la nation.